Les jeunes jouent
la Passion du Christ
Vingt-deux ans déjà que ce spectacle est régulièrement donné les jours qui précèdent Pâques. L'ossature générale est l’œuvre de quelques adultes, mais la mise en scène évolue en concertation avec les acteurs. Ceux-ci sont des jeunes et des adultes. Ils viennent de Lorry-lès-Metz, Maizières-lès-Metz, Plappeville, Metz-Patrotte, Metz-Pontiffroy, Le Ban Saint Martin.
Certains sont là depuis longtemps, ainsi Bastien, Julien, Thibaut, Jean, Mathieu, Quentin, Emmanuel, Michaël. Ils se souviennent qu'au caté, ils montaient avec Marie-Andrée des sketches illustrant certains passages bibliques. Les autres, comme Christine, Patricia, Pascale, Béatrice, Justine, Jeanne se sont ajoutées au groupe. « Je peux témoigner de la fidélité et de l'enthousiasme avec lequel ces jeunes assument leur présence et leur rôle dans ce jeu scénique. J'observe l'intensité de plus en plus marquée avec laquelle ces adolescents s'approprient le personnage qu'ils interprètent et l'émotion partagée avec le public. »
Des jeunes acteurs qui changent de rôle
au fur et à mesure qu’ils grandissent
Bastien assume le rôle de Jésus depuis que Nicolas a rejoint une équipe de médecins : «Avant chaque spectacle, je m'isole pour me concentrer. Je me demande ce que le Christ a pu ressentir dans telle situation. Je connais mieux le personnage et je me permets quelques audaces gestuelles. A la fin du spectacle, j'aime me mêler aux spectateurs pour percevoir les réactions : "Vous m'ayez fait pleurer" m'a dit une dame. » Cette année, Matthieu devient Grand-Prêtre alors qu’il interprétait Judas auparavant : «J’apprécie le décor, les lumières et le support musical. Tous ces éléments font qu'on entre vite dans l'histoire ».
Julien est le centurion : « Je me suis surpris cette année, quand on est au pied de la croix, à poser naturellement ma main sur l'épaule de Marthe. Ce qu'en pensent mes amis ? Je fréquente des gens très différents. Chacun a son truc. J'ai plaisir à tenir mon rôle, car ça correspond à ma propre histoire et à ma sensibilité. » Michaël interprète le personnage de Pierre : « Ça m'a permis de mieux comprendre le texte ; c'est devenu autre chose que des mots. On le vit dans sa totalité et de plus en plus profondément. Ce fut aussi l'occasion d'en parler avec mes parents. Et je suis fier que des jeunes soient ainsi capables d'une telle réalisation. »
Loïc a managé tout le groupe des acteurs. Avant de devenir prêtre en paroisse, il était notre metteur en scène : « J'apprécie l'aspect collectif de cette réalisation. C'est une bonne bande de copains où il n'y a pas de clan. Je comprends mieux ce qui se passe : le complot. Pilate, assis entre deux chaises... » Pilate, c'est justement Thibaut qui le personnifie : « J'ai voulu tenir ce rôle, car il fallait remplacer Kevin qui a pris des responsabilités professionnelles. C’est un rôle important. Ce sera ma deuxième année. »
Il y a encore Marie-Madeleine, interprétée par Louise et Marie, jouée par Aurélie. Les personnages sont plutôt masculins, mais les femmes sont discrètement présentes et influentes. « Je ressens une évolution au niveau de la qualité. Chacun est de plus en plus imprégné du personnage qu'il interprète. »
Et Bastien de conclure : « La religion m'apporte un plus. Mais alors qu'à l'église il y a de moins en moins de jeunes, dans ce groupe de la Passion je vis quelque chose comme j'ai pu le sentir à Taizé par exemple. Des jeunes qui partagent et portent ensemble un projet et une réalisation. »
Marie-Andrée s'enthousiasme aussi de constater l'implication grandissante des acteurs qui approfondissent les textes dans un réel souci de témoignage, apportent de nouvelles idées de mise en scène et se prennent de plus en plus en charge lors des répétitions. Elle souligne aussi la fidélité des adultes qui s'investissent dans la figuration ou qui travaillent dans l'anonymat des coulisses : réalisation des costumes, des accessoires ou des décors. Michel règle le délicat travail de l’éclairage. Mathieu transporte les décors et la sono avec sa camionnette pour rejoindre les paroisses où la troupe se produit. «Grâce au travail de tous ces bénévoles, nous pouvons donner nos représentations sans faire payer l'entrée ni solliciter de subventions. Nous nous bornons à faire une quête à l'issue du spectacle pour couvrir nos frais.»
Les représentations ont pris de la couleur, de la profondeur, toujours au plus près du texte évangélique dans sa rigoureuse nudité: c’est le texte qui doit toucher le cœur du spectateur. Le reste ne sert qu'à favoriser le poids des mots: le choc des images, la beauté des costumes et des décors, le jeu raffiné des lumières, la sobriété des mouvements et la musique.
Soixante jeunes de l’agglomération messine s'apprêtent à jouer la Passion du Christ
le 5 avril, à 20 heures, à Maizières-lès-Metz ;
le 6 avril, à 18 heures, Borny-Village ;
le 12 avril, à 20 heures, à Augny
le 13 avril, à 18 heures, au Ban Saint-Martin.